Les professionnels du VO jouent le maintien pendant le confinement
Deux semaines après le début des restrictions de circulation, revendeurs et centrales d’achat dressent un bilan d’étape. Les activités tournent au ralenti, mais nul ne renonce à servir les clients. Tour d’horizon.
« Seul le véhicule d’occasion génère de nouvelles commandes« . Les mots de Jean Paul Lempereur, le président du groupe éponyme et figure de la distribution automobile nordiste résonnent encore, plus d’une semaine après sa sortie médiatique. Un marché du véhicule d’occasion qui, selon les premiers indicateurs, s’affiche dans le rouge, à la mi-novembre, avec une baisse significative par rapport à l’an passé. Mais pas d’effondrement, en effet.
Au terme de la première semaine de confinement, Yves Landrau, dirigeant d’Autoveo, une enseigne indépendante angevine, rapportait déjà un repli. « La fréquentation est en berne, nous ne réalisons que très peu de ventes« , témoignait-il, alors que son atelier, resté ouvert, attire un nombre étal de clients. Interrogé alors sur le relai digital, il se montre sceptique : « c’est une solution, en effet, mais les consommateurs veulent toucher le produit et pour cela, nous devons être en mesure de les accueillir« . Il n’empêche que d’ici 3 semaines, Autoveo devrait profiter d’un nouveau site internet, prochaine étape de son œuvre de digitalisation.
Son confrère, Didier Sirgue, le patron de SN Diffusion, ne connaît pas la même situation. Le téléphone sonne peu. Les visites sont rares. A côté d’un atelier qui a gardé 25 % de sa capacité pour traiter l’essentiel, les activités commerciales ont fondu de 80 à 85 %, comme lors du précédent épisode. L’été lui sauvé le bilan annuel, clôturé fin août. Les effets conjugués des manifestations des gilets jaunes et la crise sanitaire ont été compensés par la ferveur estivale. Alors SN Diffusion prend ce temps de calme pour soigner l’image. Ici, le parc va être goudronné. Là, une façade va être rafraîchie. Et surtout, SN Diffusion entame une refonte complète de son site internet qui sera livré en début d’année 2021. « Nous allons permettre un parcours 100 % digital, de la prise de contact à la livraison, en passant par la signature électronique« , révèle Didier Sirguen qui s’est notamment apuyé sur Stampyt pour y parvenir.
Garder un filet de gaz
Quelques salariés ont été placés en chômage partiel, car les 15 jours écoulés ont vu une chute de 70 % des ventes, mais le portefeuille à livrer force à maintenir du monde sur le pont. Telle est la situation dans les murs de MC Automobiles. « Notre volonté est de rester ouvert et de servir les clients, clame Marc Carlin, le fondateur. Les revendeurs les plus modestes continuent de nous acheter 7 à 8 VO par jour ». En juin dernier, MC Automobiles lançait un service « vitrine ». Il exprime toute son utilité aujourd’hui, alors que 87 % des comptes de petits clients ont adhéré à l’offre, sans même avoir eu à forcer sur les démarches commerciales. Comme pendant le premier confinement, Marc Carlin maintient un flux d’approvisionnement. Si la logistique est plus simple qu’au printemps, les produits se font plus rares. Il faut se tenir prêt à réagir. « Nous aurons un stock considérable à la reprise, annonce-t-il déjà. Nous devrions travailler correctement« .
Garder un filet de gaz, c’est aussi l’attitude adoptée par Xavier Meney, le dirigeant d’ATB Auto, à Dijon (21). Malgré une coupe franche dans les effectifs – de l’ordre de 70 % du personnel placé en chômage partiel – la centrale d’achat a laissé tous ses services actifs. « L’acheteur final n’est pas enclin à consommer, donc nos clients nous sollicitent peu« , admet-il. Quelques petits garages passent commande à l’occasion, chez le spécialiste de VO 0 km. « Certains se constituent un stock prévisionnel, mais la majeure partie travaille sur liste et nous contacte pour des véhicules pré-vendus« , analyse-t-il la situation. ATB avait pris la décision de rester ouvert le samedi matin, depuis le mois de juin, ce service sera suspendu durant le confinement.
Lauréat des derniers EMVO, le groupe Jean Lain a passé les deux dernières semaines à gérer les arrivées de camions. « Nous allons continuer de vendre des produits pour soutenir des professionnels qui bien souvent se trouvent dans le flou« , explique Romain Savel, le responsable des achats VO & de l’activité e-Commerce, qui enregistre d’ailleurs « beaucoup d’inscriptions« , depuis le début de la crise. Il se dit satisfait de la tendance car une cinquantaine de véhicules reprend la route chaque semaine vers un point de vente. « Nous avons 500 à 600 véhicules en stock et ce ralentissement nous permet d’en passer un maximum au CarLab, ce qui nous permet de les diffuser plus largement sur la toile« , y voit comme autre avantage Romain Savel. Le groupe Jean Lain a certes réduit la voilure sur les approvisionnements, mais il a validé ses pré-engagements pour 2021, à travers l’Europe. Enième preuve que les professionnels gardent confiance dans ce qui se trouve derrière l’horizon. »